À ce jour, seules quelques études ont été menées pour évaluer le fardeau de la dermatite atopique chez les sujets adultes et son impact dans leur sexualité.

Un auto-questionnaire a été diffusé auprès des patients adultes adhérents de l’Association française de l’eczéma et des patients souffrant de dermatite atopique consultant au sein de 4 services hospitaliers français (Brest, Bordeaux, Créteil, Reims). Des outils validés d’évaluation du fardeau (ABS-A, spécifique de la DA) et de la qualité de vie (QdV) (DLQI, spécifique de la dermatologie) ; le SF12 et l’EQ-5D (non spécifiques) ont été associés à l’auto-questionnaire. Une série de questions structurées autour de leur sexualité, de leur libido ou de celle de leur conjoint ont été posées. La sévérité de la DA a également été évaluée en utilisant une version modifiée du PO-SCORAD. La sévérité était respectivement considérée comme légère, modérée ou sévère si le score du PO-SCORAD était<25, entre 25 et 50 ou>50.

Au total, 1024 sujets ont répondu au questionnaire dont 58,3 % de femmes ; 283 sujets avaient une DA légère, 414 une DA modérée et 327 une DA sévère ; 18,35 % (n=188) ont déclaré ne pas être concernés par les questions sur leur sexualité et 23,4 % (n=240) par les questions concernant la libido du conjoint. Douze pour cent des sujets déclaraient une atteinte de la zone génitale. Ils étaient d’autant plus nombreux que la DA était sévère, 2,8 %, 9,4 % et 22 % respectivement en cas de DA légère, modérée ou sévère (p<0,001). 40,3 % des patients atteints d’une DA sévère considéraient que la DA affectait leur libido (vs 17,2 % et 4,1 % chez les patients M et L).

Concernant l’impact de la DA sur la libido de leur conjoint, respectivement 17,8 %, 13,9 % et 4,3 % des patients avec une DA sévère, modérée ou légère déclaraient un impact. Par ailleurs, 33,3 % des sujets avec une DA sévère considéraient que l’aspect de leur DA avait des répercussions sur leur sexualité, vs 20,4 % et 2,39 % chez ceux qui avaient une forme modérée ou légère. Les scores de QdV (DLQI : 8,9±7,1 vs 4,5±7,2) et SF12 dans sa dimension mentale (36,5±9,1 vs 40,9±10,2) étaient significativement (p<0,001) plus dégradés chez les patients présentant une atteinte génitale. Le fardeau (ABS-A : 39,4±19,5 vs 23,7±19,4 [p<0,001]) était plus important dans le groupe avec atteinte. Enfin, il apparaît que 59 %des sujets ayant une atteinte de la zone génitale considéraient cette atteinte comme la plus gênante.

Ces résultats mettent en évidence que la libido et la sexualité sont perturbées chez les adultes souffrant de DA. La QdV est significativement plus dégradée et le fardeau plus important chez les patients avec une atteinte génitale comparativement aux patients sans atteinte, quel que soit l’outil validé utilisé.

Nos résultats montrent sur un large échantillon que l’atteinte de la zone génitale est relativement fréquente. La question devrait sans doute être posée au cours de la consultation.